jeudi 4 juin 2015

les inquiétudes sur le sort des migrants de La Chapelle

Des migrants africains à bord d'un bus après leur évacuation d'un campement le 2 juin 2015 à La C...
Quel avenir pour les migrants de La Chapelle? Après l'évacuation du campement où plus de 350 personnes s'entassaient dans des conditions indignes, des inquiétudes s'exprimaient mercredi sur l'hébergement proposé et le risque de voir se reconstituer un autre camp en plein Paris.
Quelque 300 personnes -- Soudanais, Érythréens mais aussi Somaliens -- ont été prises en charge mardi lors de l'évacuation de ce campement qui grossissait depuis des mois sous la ligne de métro aérien.
"Nous avons fait des propositions à toutes les personnes présentes sur le campement", a assuré mardi le préfet de police de Paris, Bernard Boucault.
Mais pour les associatifs ou certains élus de gauche, l'affirmation est trompeuse car les migrants risquent de se retrouver à la rue d'ici quelques jours.
Ce n'est pas tant le sort des demandeurs d'asile qui les inquiète: la loi prévoit pour eux un hébergement spécifique pendant tout le temps de la procédure.
Les familles prises en charge par la Ville de Paris (une quarantaine de personnes au total) bénéficient pour leur part d'un hébergement hôtelier de longue durée.
"Les autres ne seront hébergés que pour quelques nuits dans des centres d'urgence et seront de nouveau à la rue d'ici quelques jours", avertissent les élus communistes-Front de Gauche du 10e arrondissement.
De fait, 224 personnes "en transit" se sont vu proposer des hébergements à l'hôtel en Ile-de-France (Aulnay sous Bois, Clichy, Évry...) et jusqu'à Beauvais (Oise) pour certaines, pour une durée de trois jours, explique-t-on au Samu social de Paris.
Il a fallu parfois chercher loin car "sur toutes les structures d'hébergement on est en saturation permanente", explique Éric Pliez, président du Samu social.
Mais ces conditions font "peser une épée de Damoclès pour un peu plus de 200 personnes", estime Florent Gueguen, directeur général Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale).
"On a plutôt soutenu le principe de l'évacuation parce que la situation sanitaire et sociale était très préoccupante", affirme-t-il. Mais "il y a une inquiétude très forte sur le sort de ces migrants pour qui il n'y a pas de situation pérenne".
- 'Des gens à qui on dit rappelez demain' -
Comme tous les sans domicile fixe, les migrants de La Chapelle risquent de devoir jongler au jour le jour avec les hébergements d'urgence.
"Cela permet de prendre conscience que l'hébergement d'urgence en France c'est ça: des gens qui appellent et à qui on dit rappelez demain", souligne-t-on de source proche du dossier.
Mais M. Gueguen assure que les sans-papiers partent avec un désavantage supplémentaire car "de plus en plus souvent, c'est la situation administrative de la personne, plus que la détresse sociale, qui ouvre le droit à l'hébergement".
Au delà, la crainte est que, s'ils n'ont pas d'hébergement, les migrants évacués ne se regroupent ailleurs.
Pas sur le site de La Chapelle: l'esplanade sous le métro a été nettoyée dès l'évacuation et elle devait faire l'objet d'un "gardiennage" pour dissuader les migrants de revenir.
Un autre lieu d'ancrage possible pour les migrants, près de la gare d'Austerlitz, devrait être lui aussi évacué prochainement.
"On se contente d'une simple mise à l'abri, mais si on laisse les gens à la rue on va recréer un campement", avertit M. Pliez.
"L'évacuation s'est plutôt bien passée, mais je déplore qu'on fasse les choses avec un tel manque de préparation", ajoute le responsable du Samu social, pour qui "ce problème nécessitait de mettre bien en amont les grands acteurs associatifs, le Samu social... autour de la table".
"On aurait pu commencer à établir des diagnostics des personnes, dénouer des situations", assure-t-il. Voire "imaginer une structure, même provisoire, leur donnant le temps de se retourner".

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