samedi 30 mai 2015

La Libye sur la voie de la Syrie

Daech change aujourd’hui la donne et risque d’accélérer le démantèlement de ce pays qui a sombré dans le chaos depuis la chute de Kadhafi.  
La branche libyenne de l’Organisation de l’État islamique (EI/Daech) contrôle, depuis hier en fin de matinée, l’aéroport de Syrte, la ville natale de l’ancien et défunt guide Mouammar Kadhafi, selon ses dirigeants sur twitter. Cette infrastructure aéroportuaire, du nom d’al-Qardabia, servait de base aérienne à la coalition de milices islamistes Fajr Libya qui vient de perdre une bataille importante contre les terroristes de l’État islamique. “Les membres de la Katiba 166 (bataillon 166), de Fajr Libya, se sont retirés de l’aéroport d’al-Qardabia et de la station hydraulique, dans le sud de Syrte, pour se positionner à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la ville”, a précisé le correspondant de la télévision libyenne.
L’information a été confirmée par Mohammed al-Chami, un responsable de Fajr Libya, cité par l’AFP. “La base est tombée entre les mains de l’EI”, a-t-il affirmé, expliquant que les terroristes de Daech avaient “profité d'une opération de redéploiement de nos troupes qui étaient chargées de protéger le secteur pour s'y infiltrer et occuper les lieux”, a encore rapporté l’AFP. Mais la défaite de Fajr Libya a été provoquée, selon d’autres sources, par un manque de moyens matériels et humains, ce qui a facilité la chute de la base aérienne de Syrte entre les mains de l’EI, qui contrôle des pans entiers de la ville côtière de Syrte.
La localité de Noufliyeh est devenue d’ailleurs son quartier général, d’où il tente d’étendre son influence sur l’ensemble du centre de la Libye, repoussant Fajr Libya vers l’Ouest et combattant les troupes de l’armée régulière de l’opération al-Karama, de l’ancien général Khalifa Haftar, du côté est. La victoire de l’EI sur Fajr Libya, qui a créé un gouvernement parallèle dans la capitale libyenne Tripoli, offre un argument de taille pour l’Union européenne et ses alliés, pour justifier une éventuelle intervention militaire sur le sol libyen. Bruxelles a déjà validé un plan d’intervention armée en eaux territoriales libyennes, dans le cadre de sa lutte contre la migration clandestine. Révélé par le lanceur d’alertes Wikileaks, ce plan prévoit un an d’intervention armée en Méditerranée, mais aussi sur le sol libyen, expliquant une telle option par le danger Daech qui menace la sécurité de l’Europe. Mais loin de ce scénario-catastrophe, aujourd’hui, c’est la survie même de la Libye, en tant que pays, qui est en jeu.
En plein processus de dialogue interlibyen, les violences armées se poursuivent dans ce pays livré aux milices et à l’anarchie depuis la chute de l’ancien régime de Tripoli en 2011. L’implantation de Daech en Libye change aujourd’hui la donne et risque d’accélérer le démantèlement, tant craint, de la Libye en micro-États.
L. M.

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