Finie la fabuleuse saga du "Big Four". Place au nouveau feuilleton du tennis mondial, l'histoire de gamins qui voulaient déboulonner des statues. Kyrgios, Coric, Kokkinakis : les champions de demain jouent aujourd'hui à Roland-Garros.
Peut-être Rafael Nadal va-t-il gagner Roland-Garros cette année. Peut-être sera-ce Novak Djokovic. Ou alors Roger Federer. Voire, qui sait, Andy Murray. L'un de ces quatre-là, très certainement. Pourtant, Roland-Garros 2015 n'est plus un épisode de la saga de ce "Big Four" avec lequel on vit depuis 2008. Non, Roland-Garros 2015 raconte déjà ce que le tennis mondial va nous proposer pendant les cinq années qui viennent : la querelle des Anciens et des Modernes.
Les Anciens, vous les connaissiez déjà. Les Modernes ? Nick Kyrgios, Borna Coric, Thanasi Kokkinakis et tout une portée de tennismen talentueux nés en 1995 ou après, appelés à succéder au quadriumvirat qu'ils vont désormais s'employer à déboulonner. Lequel va évidemment, pour sa part, tâcher de mater le plus longtemps possible cette rébellion à la peau encore boutonneuse et à la gueule d'ado pas complètement éveillé. D'ailleurs, Thanasi Kokkinakis présente une ressemblance troublante avec le personnage le plus génial du cinéma français de ces quinze dernières années : Hervé, héros du film Les Beaux Gosses.
Je suis désolé, mais Hervé, vous lui collez une casquette sur la tête, c'est Kokkinakis.
Le feuilleton s'annonce assez passionnant. Plusieurs acteurs vont se donner directement la réplique cet après-midi sur la terre battue parisienne, lors des derniers matchs du troisième tour : Djokovic-Kokkinakis, Murray-Kyrgios. Coric, opposé à l'Américain Jack Sock, se mesurera à Rafael Nadal en huitièmes de finale, s'il arrive jusque-là (Coric, hein, pas Nadal, pour lequel on ne s'en fait pas trop).
Thanasi Kokkinakis, Australie, 19 ans, 1,96 m, 84e mondial, 323e il y a un an
Sans doute le plus cool des trois gamins qui jouent aujourd'hui à Roland-Garros. La preuve, son idole n'était ni Federer, ni Nadal, ni Djokovic, mais Marat Safin. La preuve encore, ce mémorable tour d'honneur en janvier dernier après avoir battu Ernests Gulbis au premier tour de l'Open d'Australie, le pays où il a vu le jour grâce à deux parents grecs :
A Roland-Garros, l'exubérant Thanasi – prénom ma foi propice à toutes sortes de jeux de mots relatifs à la vie politique allemande entre 1933 et 1945 ou au débat sur le droit à mourir dans la dignité, et que nous nous abstiendrons donc de pratiquer ici – a écrit, face à son compatriote Bernard Tomic au deuxième tour, l'un des scénarios les plus fous de la première semaine : il a perdu les deux premiers sets 6-3, 6-3, gagné les deux suivants 6-3, 6-4, failli se faire très mal en s'écrasant salement sur la terre battue à la réception d'un smash, été mené 5-2 dans le dernier set, sauvé trois balles de match, et finalement gagné 8-6, ce qu'il a fêté en s'agrippant l'entrejambe de bonheur.
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